Jaquette Valkyrie Elysium

Valkyrie Elysium : une réincarnation réussie

« C’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs confitures ». Voilà un adage qui sied particulièrement bien à Square Enix en ce moment. La compagnie sortant portages, remakes et remasters à la pelle tout en investissant le moins d’argent possible tant d’un point de vue technique que marketing. Après l’oublié Chocobo GP, le passable Stranger of Paradise et le très bon – mais trop discret – Live A Live, c’est une autre licence très appréciée qui a fait son retour à la surprise générale : Valkyrie Profile, désormais Elysium. Les fans de J-RPG étant pour la plupart de vieux aigris conservateurs fermés au changement ne jurant que par l’ère SNES/PS1, ce nouvel opus, qui emprunte la voie de l’action, partait avec un capital confiance proche de zéro. Et pourtant, c’est une très bonne surprise. Retour sur Midgard, le Ragnarök est proche.

Critique faite à partir d’une version PS5 physique achetée par mes soins.

Temps de jeu : 20h pour faire toutes les quêtes et voir toutes les fins.

La licence Valkyrie Profile

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me semble pertinent de reposer le contexte. Valkyrie Profile est une série de jeux créée par Masaki Norimoto. Elle est développée par le studio Tri-Ace, à qui l’on doit aussi Star Ocean, et éditée par Enix, les papas de Dragon Quest.

Le premier jeu sort au Japon en 1999 sur PS1 et débarquera en Amérique du Nord en 2000. Le titre sera bien reçu par la presse et les joueurs et terminera sa carrière avec 709 000 exemplaires vendus. Un score plus qu’honorable pour une aventure aussi particulière.

Vous mettant au contrôle de Lenneth, une Valkyrie chargée de recruter des guerriers dignes de combattre pour les dieux – les Einherjar-, le scénario consistera la majeure partie du temps à assister aux derniers instants de vos futures recrues.
Trahisons, morts brutales, regrets et tristesse vont donc émailler cette épopée incroyablement marquante pour quiconque s’y essaiera.

Il faut dire que le jeu jouit d’une direction artistique de haute volée avec les frères Kou et You Yoshinari au chara-design et Motoi Sakuraba pour la bande-son. Si les (longues) scènes de recrutement sont un plaisir à suivre, c’est en grande partie grâce à ces artistes qui, par les portraits ou la musique accompagnant les dialogues, ont su insuffler une personnalité unique au jeu.

Conversation en anglais de Valkyrie Profile
Le jeu est intégralement en anglais mais l’effort en vaut la peine

Un gameplay unique

Unique, VP l’est aussi au niveau du gameplay.

En donjon, Lenneth peut faire apparaître des cristaux extrêmement utiles pour les nombreux puzzles parfois bien retors et peut même geler les ennemis pour s’en servir comme plate-forme. Les combats ne sont pas en reste et reprennent le concept du tour par tour mais avec une petite subtilité.

Chaque personnage est associé à une touche et c’est à vous d’enchaîner les combos de manière judicieuse pour briser les défenses ennemies et sortir vainqueur des joutes assez corsées. Vous aviez également la possibilité de vous séparer de vos guerriers recrutés pour les envoyer à Asgard combattre pour Odin en échange de récompenses.

Attention toutefois car expédier un héros sous-entraîné pouvait conduire à sa mort définitive… Sans concession, exploitant son concept à fond quitte à perdre des joueurs en route (en témoignent ces posts réguliers concernant la méthode d’obtention de la « vraie » fin fleurissant régulièrement sur les réseaux), Valkyrie Profile est indéniablement un très grand jeu qui mérite son statut d’incontournable du J-RPG.

Combat dans Valkyrie Profile
Le nombre d’actions de chaque personnage est indiqué en haut à droite

La Valkyrie redescend sur Midgard

Square Enix pensant décidément à tout pour vous délester de votre argent, Valkyrie Profile : Lenneth reviendra purifier du mort-vivant sur PS4 et PS5. Prévu pour sortir en même temps que Valkyrie Elysium, ce portage de la version PSP aura un peu de retard et débarquera finalement le 22 décembre.

Toujours intégralement en anglais mais avec – on l’espère – des améliorations en termes d’affichage et de temps de chargement, cette ressortie sera un excellent moyen de découvrir cette aventure unique en son genre sans devoir vendre un rein.

Et si les ventes suivent, nous pourrons peut-être envisager un éventuel portage de VP 2, toujours coincé sur PS2, qui sait ?

Un statut que Square Enix s’empressera d’exploiter en sortant un portage de ce premier titre sur la PSP en 2006 au Japon et aux USA puis en 2007 en Europe.

Titre modifié

Le titre sera modifié en Valkyrie Profile : Lenneth, du nom de notre valeureuse héroïne, et bénéficiera de nouvelles scènes cinématiques accompagnant les moments forts de l’intrigue. Cette ressortie n’étant pas innocente, elle sera suivie par l’arrivée de Valkyrie Profile 2 : Silmeria sur PS2 la même année. Il s’agit de la suite/préquelle du premier épisode et nous place cette fois dans la peau d’Alicia, jeune princesse du royaume de Dipan, abritant en elle l’âme de Silmeria, l’une des trois valkyries d’Odin que l’on pouvait apercevoir dans VP : Lenneth.

Si l’on retrouve la même équipe créative que précédemment, Silmeria se différencie sur de nombreux aspects. Le recrutement d’Einherjar, bien que toujours présent, passe au second plan et nos recrues ne bénéficient plus d’un travail de caractérisation aussi poussé. Les combats sont aussi revus et chaque rencontre avec un ennemi nous propulse dans une arène où vos adversaires se déplacent en même temps que vous.

Il s’agira donc de les prendre à revers pour attaquer le premier via le même gameplay d’une touche pour un personnage. Moins apprécié que Lenneth, Silmeria n’en reste pas moins un très bon jeu qui perpétue la série avec honneur.

Toujours plus de Valkyrie

Tri-Ace publiera par la suite (2008 au Japon, 2009 dans le reste du monde) Valkyrie Profile : Covenant of the Plume. Ce titre, exclusif à la DS narre les aventures de Wylfred qui s’alliera à Hel, reine de Niflheim, pour traquer et tuer Lenneth qu’il tient pour responsable de la mort de son père.

Se situant chronologiquement avant les événements du premier épisode, il est possible d’y jouer sans avoir touché au reste de la série même si vous passerez à côté de certaines références.

En termes de gameplay, les combats gardent le même système qu’auparavant mais incluent une part de Tactical-RPG. Lors des affrontements, il faudra donc placer vos unités de manière stratégique de manière à encercler vos cibles avant de lâcher vos plus beaux combos dans le plus pur style VP.

La notion de choix et de sacrifice est au centre du jeu et interfère sur le déroulé de l’histoire et les batailles via la « Plume du Destin ». Cet objet permet de grandement améliorer les statistiques d’un membre de votre équipe mais le condamne à une mort certaine et définitive à la fin de la bataille.

De quoi permettre une belle replay-value au titre qui a reçu un accueil mitigé à cause d’une IA défaillante, une technique datée et une bande-son fainéante.

Le jeu mobile Valkyrie

Suite à cela, la série entrera dans un long sommeil et n’en ressortira qu’en avril 2016 avec Valkyrie Anatomia : The Origin.

Développé par Dokidoki Groove Works, VA est un jeu mobile qui coche toutes les mauvaises idées du genre : tonnes de collectibles, ressources limitées, gacha frustrant… C’est un bien triste retour pour la série et – après une version globale en 2019 – le jeu fermera ses serveurs en 2020 (et un an plus tard au Japon). Reste des artworks magnifiques pour le plaisir des yeux…

Et puis le 9 mars 2022…

Mais !? C’est pas Valkyrie Profile ça !

Tels furent mes mots après visionnage de ce premier trailer. Plus de déplacements de côté, le système de tour-par-tour était devenu un énième Action-RPG et c’était pas très beau.

C’est donc méfiant et pas vraiment emballé (souvenez-vous les fans de J-RPG n’aiment pas changer leurs habitudes) que j’ai suivi les informations autour du jeu. Exit Tri-Ace, c’est désormais le studio Soleil qui est chargé du développement. Responsable de quelques titres passés assez inaperçus, le studio semble s’être spécialisé dans l’exploitation de licences.

Square Enix a donc décidé de sous-traiter le retour d’une saga considérée comme mythique – mais dont ils ne savaient plus vraiment quoi faire- à une équipe au CV pas franchement impressionnant. Avouez que mes craintes étaient justifiées.

Puis de rassurantes nouvelles ont commencé à arriver. Les talentueux frères Yoshinari sont remplacés par le non-moins talentueux Yuya Nagai qui a œuvré sur NieR Automata et WotV : FF. Motoi Sakuraba – décidément toujours aussi prolifique – accompagnera en musique cette nouvelle aventure.

Enfin les déclarations des divers membres de l’équipe, notamment du directeur Takahiro Kondo, ont fini par me faire attendre impatiemment ce jeu. En tant que très grand fan des aventures de Lenneth et Silmeria, l’idée de retourner sur Midgard m’enchantait au plus haut point. Et je n’ai pas été déçu.

La naissance d’Elysium

Dans une interview du site GamerBraves, le directeur Takahiro Kondo s’est expliqué sur la signification du changement de titre. Pour lui, il s’agit de marquer un nouveau départ après une absence de 14 ans. Il faut désormais parler de la série « Valkyrie » dont Elysium marque le renouveau. On peut donc envisager un Valkyrie Elysium 2 ou bien tout autre chose comme un Valkyrie Musou ou un Valkyrie Farming…

Dans cette même interview, T. Kondo révèle que les deux facteurs décisifs ayant conduit au retour de Valkyrie sont le bon accueil réservé à Valkyrie Anatomia et la décision interne de ré-examiner toutes les licences populaires prenant la poussière dans le catalogue de Square Enix. On pense à toi Aya Brea…

Comme un air de déjà-vu

Le monde arrive à son terme. Après une terrible guerre opposant Odin à Fenrir, le Ragnarök est en marche annonçant la fin des temps. Heureusement Odin a un plan et donne naissance à Valkyrie. Cette dernière est une passeuse d’âmes et a pour mission de purifier le monde des morts-vivants qui l’ont envahi tout en recherchant quatre puissants artefacts qui permettront au Père des Dieux de sauver le monde.
Mais au cours de sa quête, Valkyrie croisera le chemin d’une mystérieuse guerrière en noir et apprendra de sombres secrets sur les Dieux…

Voilà le point de départ de Valkyrie Elysium.

Maria dans Valkyrie Elysium
Le design de Valkyrie est une franche réussite

Autant être honnête, le scénario n’est pas le point fort du jeu, du moins pas au début.

Tout semble assez nébuleux, simpliste et le manque d’expression de notre héroïne accentue le côté mollasson des premières heures. Puis arrivent les premiers Einherjar. Si vous n’êtes pas familiers avec la mythologie nordique, il s’agit de guerriers morts au combat mais jugés assez valeureux pour voir leur âme emmenée par les valkyries pour combattre avec les dieux à Asgard.

Présents dans tous les jeux de la série, ils font leur retour ici et bénéficient d’un meilleur traitement que dans VP 2. Au nombre de quatre, il faudra d’abord retrouver des fragments de leur âmes – ce qui débloque des informations sur leur passé dans le menu – avant d’affronter la manifestation de leurs regrets sous la forme d’un Naglfar.

Menu des personnages dans Valkyrie Elysium
Nos quatre valeureux guerriers qui gagnent en puissance à chaque invocation

Interactions et quêtes annexes

C’est après avoir recruté le premier de ces combattants que le jeu s’ouvre un peu plus en termes de narration et d’écriture. Les membres de l’équipe interagissent entre eux, sont développés via les multiples quêtes annexes mais surtout permettent à Valkyrie d’évoluer à leur contact.

Elle devient plus « humaine » et on s’attache à elle petit à petit au gré de son ouverture au monde. Dommage toutefois que la trame soit si proche de celle de VP : Lenneth. Certaines scènes semblent venir tout droit du premier épisode, renforçant l’aspect « reboot » du jeu.

Si vous avez déjà parcouru les autres titres, vous risquez de voir venir beaucoup de choses à l’avance même si quelques surprises subsistent.

Concernant les Einherjar, leur nombre plus restreint que précédemment leur laisse plus de place pour exister. Là où Lenneth les occultait après leur longue phase de présentation, Elysium les laisse toujours au premier plan. Soutien indéfectible de notre valkyrie, ils l’épauleront, la conseilleront et se permettront même de la railler par moments.

Bien qu’assez court – comptez une quinzaine d’heures juste pour l’histoire principale – le jeu n’oublie pas ses personnages qui n’ont pas à rougir face aux précédents héros de la série.

Krystoffer dans Valkyrie Elysium

Une histoire plaisante à suivre

Le scénario et notre équipe se suivent donc avec plaisir et le jeu va directement à l’essentiel sans se perdre en fioritures inutiles ou en dialogues sans fin.

Une vraie bouffée d’air frais tant les J-RPG ont tendance à se perdre dans d’interminables échanges verbeux… Les amateurs de lore et de petits secrets pourront quant à eux farfouiller dans les menus qui sont riches en révélations mais aussi partir en quête des fleurs illusoires.

Il s’agit de restes d’âmes ayant pris la forme de petites fleurs bleues qui, une fois ramassées, donneront lieu à quelques lignes de texte nous permettant de nous faire une meilleure idée du monde qui existait avant le Ragnarök.

Bien que la mise en scène de ces phases soit un peu décevante, la présence de nombreuses références aux épisodes précédents en font une quête intéressante à suivre. Et pour ceux qui ont peur de devoir passer des heures à fouiller, pas de soucis. L’emplacement des fleurs est indiqué sur votre carte.

Pour terminer avec l’aspect scénaristique du jeu, il est important de rappeler qu’une mise à jour gratuite prévue pour début novembre apportera un nouveau scénario. Intitulé « La vengeance d’Hilde », il nous fera suivre la quête de la mystérieuse valkyrie s’opposant à nous… De quoi étoffer encore plus l’univers du jeu.

Fins multiples

À l’instar des précédents jeux Valkyrie, Elysium propose plusieurs fins. Au nombre de quatre, elles ne vous demanderont pas de réaliser des actions tordues ou de recommencer plusieurs fois l’aventure. Il suffira juste de relancer le dernier chapitre et de changer vos réponses lors des divers dialogues. Bien que la plus « compliquée » à avoir soit la meilleure, les trois autres ont le mérite d’être travaillées et ont bénéficié d’une belle mise en scène les rendant presque aussi satisfaisantes que la « vraie ».

Émouvantes – la bande-son les accompagnant faisant beaucoup –, elles développent également le caractère de certains personnages et vous fera affronter d’autres ennemis. Une raison supplémentaire de les débloquer !

L’art divin du combat

Le voilà le gros point fort du titre.

Les combats de Valkyrie Elysium sont véritablement jouissifs. Notre personnage a un vaste éventail de techniques et armes à sa disposition qui permettent de changer votre style de jeu à tout moment et faire face à vos opposants.

Attaque faible, attaque forte, parade et esquive forme donc le panel d’actions de base de la valkyrie. À ceci s’ajoute la présence d’un grappin pour voler vers vos ennemis et fluidifier encore plus les affrontements. Notre personnage virevolte à travers le champ de bataille, change d’armes à la volée et enchaîne les combos sans temps mort.

Combat dans Valkyrie Elysium
Même si les combats sont désormais en temps réel, on retrouve le déchaînement d’attaques propre à la série

La vierge guerrière peut aussi utiliser les arts divins, des magies élémentaires, pour décimer ses adversaires en usant du système de faiblesse. Sorte de jauge de choc présente à côté des PV de chaque ennemi, elle se remplit au gré des attaques efficaces. Une fois pleine, l’ennemi est paralysé et se retrouvera sans défense face à vos assauts.

Heureusement le jeu ne vous permet pas d’abuser de ce système et un ennemi assommé verra sa jauge de faiblesse verrouillée pendant un petit temps. Si les premières joutes vous confrontent à des ennemis aux faiblesses communes, les derniers chapitres vous obligeront à varier vos sorts dans un véritable déluge pyrotechnique.

Petit détail plaisant pour les anciens, tous les arts divins portent le même nom et ont les mêmes animations qu’auparavant.

Les Einherjar

Absolument centrale dans les jeux Valkyrie, l’utilisation des Einherjar est bien évidemment présente. Invocable d’une simple pression sur la touche de raccourci qui lui est associée, votre guerrier apparaîtra sur le terrain pour attaquer la cible que vous lui désignez.

Son rôle ne se limite cependant pas à cela. En effet, chacun d’eux est lié à un élément bien particulier et l’infuse dans l’arme de la Valkyrie lorsqu’il est présent tout en renforçant les arts divins du même élément.

La possibilité de paramétrer la durée de l’appel – moyennant un plus grand coût sur votre jauge d’âme – ou d’associer l’invocation d’un guerrier à certaines techniques rend le tout très versatile et personnalisable et contribue à rendre les combats encore plus agréable.

Salvatrice contre les gros groupes d’ennemis et essentielle contre les boss, l’invocation d’Einherjar – couplée aux autres techniques disponibles – donne une vraie impression de puissance. Valkyrie est une véritable machine de guerre et son statut divin est parfaitement mis en valeur lorsqu’elle déchaîne toute sa puissance sur ses pauvres adversaires.

Peut-être même trop puisque je n’ai vu l’écran de Game Over que deux fois en mode normal. À voir en mode difficile si le constat est le même.

Des mécaniques réinventées

Aussi étonnant que cela puisse paraître, Valkyrie Elysium est très fidèle à ses origines. Outre les arts divins et la complémentarité avec les Einherjar, c’est toutes les petites subtilités de gameplay qui font leur retour ici. Ainsi les ennemis paralysés ou enchaînés dans les airs lâchent des gemmes, le compteur de combo – même s’il est juste esthétique – est présent également.

Seules manquent les phases de purification durant lesquelles nos héros usaient de toute leur puissance dans une succession jubilatoire d’attaques ultimes.

Personnage avec des ailes d'ange dans valkyrie elysium

Une exploration sage

Au contraire de ses combats nerveux, Valkyrie Elysium reste plutôt sage lors de l’exploration.

Si la première zone est assez étendue et permet de jouer sur la verticalité grâce au grappin, les environnements suivants s’avèrent beaucoup plus classiques et linéaires. Les points d’accroche se font plus rares et les embranchements deviennent presque inexistants. Le jeu devient alors un pur Beat Them Up et alterne longs couloirs et arènes de manière presque mécanique.

Cette construction peu inspirée détruit même totalement tout l’intérêt de la recherche spirituelle. Tout comme Lenneth, Valkyrie peut se concentrer en pressant les deux joysticks. Cela fait apparaître une nuée de papillons assez jolie vous guidant vers les fragments d’Einherjar. Obligatoire dans la première zone assez ouverte, la recherche spirituelle est rendue caduque par la linéarité des chapitres suivants.

Au final, on a l’impression que les développeurs ont implémenté cette mécanique marquante de VP mais n’ont pas su quoi en faire. De même, les puzzles d’Einherjar sont sans intérêt et ne sont absolument pas mis à contribution pour des énigmes ou autre.

Une bonne ergonomie

Côté ergonomie, rien à redire. Les combinaisons de touches sont simples à retenir et l’interface parfaitement claire. Le hub central est un modèle de simplicité et on sélectionne ses missions sans problème.

Car oui, tel un Devil May Cry, Valkyrie Elysium est découpé en mission et vous octroiera une note à la fin suivant vos performances. Point de monde ouvert ou d’exploration libre, c’est donc la purification de morts-vivants qui prime ici.

Et ça fait vraiment du bien de tomber sur un titre qui va à l’essentiel sans en faire des tonnes en abusant de cinématiques tous les trois mètres ou en nous jetant à la tête des hectares de forêts et plaines à explorer.

Certes, Valkyrie Elysium aurait mérité un peu plus de scènes d’exposition mais son parti-pris minimaliste et assumé en fait un jeu étonnamment rafraîchissant et plaisant à jouer.

Theme of Elysium

Ah la direction artistique, sûrement l’aspect le plus subjectif d’un jeu tant les goûts varient d’une personne à une autre. Pour ma part, j’ai bien aimé les environnements du jeu.

L’aspect désolé d’un monde mourant est bien retranscrit par ces vastes cités abandonnées où la nature a repris ses droits. Si ce sont principalement des teintes grisâtres qui habillent le jeu, c’est en totale adéquation avec la période mythologique choisie, et cela n’empêche pas quelques niveaux plus colorés. La présence d’un contour noir autour de certaines textures fait penser à de l’encrage et rappelle la technique du cel-shading.

Le tout offre un certain cachet visuel au jeu qui possède de beaux panoramas.

Raisons mythologiques

Valkyrie Elysium a été traité de triste et terne par beaucoup de joueurs. C’est pourtant quelque chose de tout à fait normal au vu du contexte choisi par les développeurs. Le Ragnarök est l’équivalent de l’Apocalypse dans la mythologie nordique. Après que le loup Fenrir – ici une louve – ait dévoré le Soleil, un long hiver de trois sans lumière s’installera avant l’ultime bataille des Dieux et la fin du monde.

L’aventure prenant place peu de temps avant ce dernier combat, il est normal de ne croiser que très peu d’humains et d’évoluer dans un monde qui semble figé. Si je ne doute pas que le manque de moyens alloués à l’équipe soit une des principales raisons à cette ambiance austère, il faut reconnaître qu’ils ont effectué un bon travail et ont su s’adapter de manière intelligente.

Le titre emprunte d’autres éléments aux mythes nordiques même s’il s’autorise quelques libertés comme les démons Naglfar qui sont à la base des navires.

Des design de personnages réussis

Au niveau du casting, c’est un sans-faute signé Yuya Nagai. Aucun personnage ne dénote et tous s’intègrent parfaitement bien dans cet univers. L’apparence des différents protagonistes fournit d’ailleurs beaucoup de détails sur leur passé.

Illustration d'un personnage dans Valkyrie Elysium

L’illustrateur s’est même permis quelques clins d’œil envers les jeux précédents notamment au niveau des designs de Valkyrie et Hilde qui rappellent ceux de l’ultime Valkyrie de VP 2 et Hrist. Contrairement à certains titres (comme le prochain Star Ocean par exemple), les modèles en jeu ont bénéficié d’un vrai soin et sont très fidèles aux artworks.

Cela nous ferait presque regretter qu’il y ait finalement si peu de personnages.

Une bande-son de qualité

Avec plus de 100 morceaux, Motoi Sakuraba n’a pas chômé. On retrouve son style si particulier et les tonalités qui faisaient le charme des épisodes précédents. Les thèmes d’exploration ne se montrent pas envahissants ou rébarbatifs et contribuent à renforcer l’ambiance des lieux.

Quant aux combats, ils sont accompagnés par des envolées épiques- mêlant riffs de guitare énervés et chœurs – reprenant des motifs entendus pendant l’exploration. Si bien que les transitions entre affrontements et fouille des environnements se font de manière très naturelle et ne donne pas cette impression de coupure entre les différentes phases de jeux – au contraire d’un Stranger of Paradise qui ne possédait qu’un seul thème de combat répété à l’infini toutes les deux minutes -.

Petit mot sur le doublage : j’ai joué avec les voix anglaises (ne comprenant pas le japonais) et je n’ai pas été déçu. Les doubleurs campent bien leurs rôles respectifs et la traduction française est de très bonne qualité, rien à dire à ce niveau.

Techniquement daté

Il n’aura échappé à personne que Square Enix est extrêmement prolifique en ce moment. Multipliant les nouveautés et ramenant sur le devant de la scène des licences oubliées, c’est un très grand nombre d’hameçons qui sont lancés par la société qui cherche à appâter le plus de joueurs possible.

Une surabondance qui a malheureusement un coût que le géant japonais a décidé d’amortir sur le budget confié aux studios. La quasi-totalité des derniers titres sortis par Square Enix souffrent d’un manque évident de finition.

Si le gameplay n’est que rarement pris en défaut, ce sont les cinématiques et l’aspect visuel qui sont sacrifiés. En résulte une narration fragmentée, presque inachevée ou des textures qui laissent à désirer à l’heure où une grande partie des joueurs ne jurent plus que par les sacro-saints « 4K 60 FPS photoréalistes ».

Valkyrie Elysium tombe dans la deuxième catégorie et ses environnements, bien que beaux au sens artistique, pourront être vus comme datés voire moches aux yeux des plus intransigeants. Dommage car mis à part cela, la version PS5 du titre se montre plus qu’honorable avec un framerate stable malgré la quantité d’effets spéciaux et des temps de chargement super courts.

Ce sera donc à vous de voir si vous préférez des graphismes de haute volée ou un vrai travail sur l’ambiance.

Une caméra un poil capricieuse

Point négatif d’un nombre incalculable de Beat Them Up, la caméra a ici aussi la fâcheuse tendance de se coincer dans les murs ou les éléments du décor dans les endroits étriqués. Même si cela arrive rarement du fait des zones de combat plutôt grandes, cela reste ennuyeux face à une horde de monstres.

Heureusement un simple réglage dans le menu configuration vous épargnera bien des tracas tout en offrant encore plus de dynamisme aux affrontements.

Après une longue attente, Valkyrie Elysium marque le retour inespéré d’une de mes franchises de cœur. Si la peur de voir la licence « souillée » m’a fait retourner sur Midgard à reculons, c’est avec joie que j’ai suivi cette nouvelle valkyrie dans sa quête. Délaissant le style RPG au profit de l’action pure et dure, Valkyrie Elysium jouit de combats grisants grâce à son gameplay maîtrisé et son héroïne toute puissante. Malgré une histoire un peu en retrait, on suit les enjeux du titre sans ennui aidé par sa palette de personnages stylés et sa bande-son de qualité. Si ce ne sera sans doute pas le jeu de l’année, c’est un bon défouloir qui laisse augurer du meilleur pour l’avenir de la franchise. Les bases posées par cet épisode étant plus que solides, il n’y a plus qu’à investir un peu plus dans la narration et la technique. Connaisseur ou pas de la série, je ne peux que vous conseiller de laisser sa chance au jeu qui est bien plus profond qu’il n’en a l’air. Sous ses dehors archaïques, c’est un jeu solide parfaitement huilé dans ses mécaniques qui saura vous divertir si vous lui pardonnez ses faiblesses.

AlxZ_Rex

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J'écris mes articles à Rabanastre tout en recherchant mon courage dans Alien.

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