Rétrospective Castlevania – Partie 1

Cherchant une idée de jeux à faire en stream, un ami m’a lancé l’idée d’une rétrospective. Après quelques minutes de recherche, pourquoi ne pas partir sur Castlevania, une licence que j’apprécie mais dont je suis loin de tout connaître ?

SOMMAIRE

Castlevania

Vampire Killer

Castlevania II : Simon’s Quest

Haunted Castle

Castlevania Adventure

Castlevania III : Dracula’s Curse

Castlevania est une licence appartenant à Konami ayant débutée en 1986. Le premier titre est sorti sur la Famicom Disk System avant d’être réédité l’année suivante sur NES. Les développeurs se sont largement inspirés du roman Dracula de Bram Stoker mais également des films de monstres des studios Hammer. Concernant le scénario, on suit les descendants de la famille Belmont –de célèbres chasseurs de vampires – luttant contre le seigneur Dracula qui ne cesse de ressusciter au fil des âges. Si tous les titres sont plus ou moins liés entre eux, la chronologie complète est quelque peu chaotique à suivre. Toutefois, si cela vous intéresse, j’ai trouvé ce document concis et efficace qui résume plutôt bien la chose.

Concernant les origines du nom « Castlevania », il faut savoir que le titre japonais est Akumajō Dracula, soit littéralement « Le Château maléfique de Dracula ». Cependant, lorsque le jeu est arrivé dans les bureaux américains de Konami, Emil Heidkamp, alors vice-président de la branche USA, a traduit le nom comme étant « Le Château satanique de Dracula ». Ne voulant froisser aucune religion, il choisit de modifier le titre pour Castlevania. Probable association de « Castle » (château) et Transylvania (Transylvanie), ce mot ne veut rien dire en tant que tel mais ça sonne bien !

Castlevania – 1986

En 1691, Dracula ressuscite dans son château de Transylvanie. Lâchant ses hordes de monstres sur les environs, il sème la terreur et menace de plonger le monde dans les ténèbres. C’est alors que Simon Belmont, armé de son fouet le Vampire Killer, s’élève contre la menace. Descendant d’une célèbre famille de chasseurs de vampire, il compte bien renvoyer Dracula en enfer.

Comme nombre de jeux d’action de l’époque, Castlevania ne s’encombre pas d’un scénario très travaillé. Une menace, un héros et c’est parti pour enchaîner les niveaux et les boss jusqu’à l’écran de fin. En s’inspirant très fortement du roman Dracula de Bram Stoker, on pourrait arguer que les développeurs n’ont pas cherché très loin en se contentant de remplacer Van Helsing par Simon Belmont. Toutefois, dès ce premier épisode, on retrouve de nombreux éléments scénaristiques qui deviendront indissociables de la série. Ainsi la confrontation Belmont/Dracula débute ici, on découvre également le fameux fouet qui sera élevé au rang d’arme ultime contre le mal dans les épisodes suivants. De même, et bien qu’il n’y ait aucun dialogue, on comprend que La Mort est alliée avec le comte vampire. Une association qui sera au cœur de nombreux épisodes à venir, la Faucheuse étant présente dans quasiment tous les jeux de la licence.

Concernant le gameplay, les choses sont simples mais efficaces. Un bouton pour sauter, un pour taper et six niveaux découpés en plusieurs zones à traverser. Le jeu est en scrolling horizontal et il est impossible de revenir dans les zones précédentes. De toute manière, il n’y a pas de secrets cachés à l’exception de pans de mur pouvant être détruits pour trouver du soin.

Le premier niveau du jeu au complet.

Le titre implémente un système de score qui, associé à la courte durée de vie du titre, encourage une certaine rejouabilité. Il y a également un chronomètre vous poussant à ne pas trop vous attarder dans les sombres méandres du château. Héritage des bornes d’arcade, cela permettait à l’origine d’éviter que des joueurs monopolisent trop longtemps les machines. Ici, finir vite permet d’améliorer son score. Les prémices du speedrun !

En termes de mécaniques de jeu, on trouve déjà les fameux candélabres qui, une fois détruits, libèrent des bonus. Il est ainsi possible de récupérer des améliorations pour le fouet, des armes secondaires, des power-ups ou des cœurs faisant office de mana pour les armes secondaires. Cette mécanique traversera les âges et deviendra indissociable de la série. Même chose pour les armes qui n’évolueront quasiment pas d’un iota. Hache, dague, eau bénite, croix et montre sont d’ores et déjà présents et s’avèreront essentiels pour faire face aux hordes monstrueuses vous assaillant. Et quand je dit « hordes », je n’exagère pas. Le jeu vous inonde de monstres en permanence.

Zombies, squelettes, armures lanceuse de haches, crânes de dragon crachant du feu… Le bestiaire est étonnamment fourni et vous donnera du fil à retordre. Quasiment tous les monstres emblématiques de la saga sont au rendez-vous de cette première aventure, y compris ces satanées têtes de méduse ou les hommes puces. Des ennemis effroyables à combattre puisque leurs mouvements rapides et erratiques les rendent particulièrement durs à toucher pour un Simon bien lent en comparaison… L’occasion d’aborder la gestion de la difficulté qui par moments est source de frustration extrême. Au sortir de l’ère des bornes d’arcade, où la difficulté permettait qu’un joueur remette une petite pièce pour continuer, les développeurs ont mis du temps à comprendre que le public des consoles de salon n’était pas le même. Résultat, Castlevania est court, embarque un système de high-score mais surtout confronte les joueurs à des séquences horripilantes comme ce long couloir à traverser sous des oiseaux nous bombardant d’hommes-puces…

Mais le clou du spectacle vient bien évidemment des boss. Moments incontournables dans les jeux vidéo, Castlevania ne déroge pas à la règle en nous opposant à six créatures tirées tout droit de l’imaginaire horrifique de l’époque et plus particulièrement des films de la Hammer. Frankenstein, une gorgone, des momies ou bien encore une chauve-souris géante – qui deviendra le premier boss de nombreux épisodes –, c’est un véritable melting-pot d’influences qui contribuera à cette identité visuelle si particulière.

Il est indéniable que l’esthétique des films d’horreur des studios Hammer a influencé Castlevania

À noter que Castlevania est l’un des premiers titres à convoquer une esthétique gothique pour son habillage graphique, ce qui l’aidera grandement à le démarquer de la concurrence et contribuera à son succès.

Techniquement parlant, le titre est une réussite. Un bestiaire fourni, des animations au top et une direction artistique de haute volée en font un plaisir pour les yeux. Du moins, si on le replace dans son contexte de sortie. Les différents niveaux ont tous un cachet particulier les rendant immédiatement reconnaissables et jouissent d’arrière-plans détaillés. La NES tourne à plein régime pour nous permettre d’enchaîner de manière fluide les écrans le tout sur des musiques devenues mythiques dont le fameux thème « Vampire Killer ».

La console est parfaitement exploitée par les développeurs de chez Konami. Probablement une des raisons pour laquelle ils ont dû remplacer leurs noms par des pseudonymes en référence aux œuvres entourant Dracula. Ainsi, nous avions Christopher Bee, Vram Stoker ou bien encore James Banana au générique de fin. Un moyen assez répandu à l’époque par les studios pour éviter que ses talents se fassent débaucher par la concurrence. En contrepartie, il aura fallu attendre des années pour découvrir l’identité de ces femmes et hommes derrière les origines de la licence. Le directeur du jeu était en réalité Hitoshi Akamatsu, qui rempilera pour les suites Castlevania II et III. Côté bande-son, ce sont deux compositrices, Satoe Terashima et Kinuyo Yamashita, qui ont « collaboré ». En réalité, elles ont travaillé chacune de leur côté sur leurs morceaux qui ont ensuite été implémentés dans le jeu. Un manque de communication qui n’entache en rien le résultat final.

Brut de décoffrage et allant droit au but, ce premier Castlevania pose tout de même les fondations qui seront réexploitées et étoffées dans la suite de la série. L’esthétique, le bestiaire, les bases du gameplay… Presque tout est déjà en place pour la suite.

Vampire Killer – 1986

Le cas Vampire Killer est assez particulier. Sorti sur MSX2 quelques semaines après l’épisode NES, il en reprend quasiment tous les éléments. Même scénario, bestiaire identique, environnements similaires… Au vu des dates de sortie, les deux jeux ont probablement été conçus en parallèle, ce qui explique leurs ressemblances. Toutefois, là où Castlevania se concentre sur l’action, Vampire Killer met l’exploration à l’honneur. Ainsi, il vous faudra fouiller chaque niveau de fond en comble pour dénicher des clefs ouvrant des coffres ou des portes jusqu’à atteindre le boss de la zone.

Ce changement de gameplay en fait un jeu au rythme radicalement différent par rapport au titre précédent. Plus posé que son homologue, il faut prendre son temps et nettoyer chaque niveau méthodiquement pour amasser le plus de ressources avant de continuer l’aventure. Et nous tenons la deuxième composante qui deviendra extrêmement importante dans la suite de la licence : l’exploration. Bien que rudimentaire ici, elle sera étoffée de plus en plus jusqu’à prendre une place prépondérante contribuant à l’émergence du genre Metroidvania. Loin d’être une simple copie, Vampire Killer est primordial dans l’évolution de la saga. Une constatation qui se confirmera dès l’opus suivant.

Castlevania II : Simon’s Quest – 1987

Le scénario de ce Castlevania II est quelque peu capillotracté. Juste avant de mourir sous les coups de fouet de Simon dans le premier opus, Dracula a eu le temps de proférer une malédiction à l’encontre du chasseur de vampires. Quelle malédiction ? On ne sait pas mais notre héros est bien décidé à la défaire et il a un plan très simple pour cela : retrouver les cinq reliques de Dracula, ressusciter le seigneur vampire et le renvoyer six pieds sous terre. Simple et efficace.

Si l’histoire est toujours aussi simpliste, cette suite innove en proposant de nombreux PNJ avec lesquels nous pourrons discuter. Certains vous donneront des informations sur l’univers ou la topographie des lieux, d’autres vous prodigueront quelques conseils et certains vous indiqueront plus ou moins clairement où se trouvent les reliques. Le souci, c’est que le jeu – uniquement en anglais – souffre de petits soucis de traduction occasionnant donc de mauvaises interprétations de la part des joueurs. Ajoutez à cela certains passages qui ne se débloquent que sous des conditions bien spécifiques introuvables par le commun des mortels (s’accroupir à un endroit précis avec le bon objet équipé ou jeter un ail sur la bonne tuile du bon écran…) et vous obtenez un jeu qui peut vous faire tourner en rond pendant des heures pour rien.

Mais comme les développeurs détestaient visiblement les joueurs, ils ont également modifié l’utilité des cœurs. Si à l’instar du premier, ils servent toujours de mana pour vos armes secondaires, ils font aussi office de monnaie pour acheter divers objets essentiels à votre survie. Sauf que si vous mourrez trois fois, vous perdez l’intégralité des cœurs amassés. Et c’est là que le piège de Castlevania II se referme. Vous tournez en rond, vous mourrez, vous ne pouvez donc pas acheter d’objets ou d’améliorations d’armes ce qui vous oblige à farmer et tout ça crée une boucle de gameplay frustrante à l’antithèse du fun. Parce que faire l’aller-retour entre deux écrans pour tuer les trois mêmes zombies en boucle juste pour acheter un objet… Voilà quoi.

Un constat d’autant plus amer que le jeu a de très belles choses à proposer en dehors de ça. L’ajout de villes et d’un monde unique où toutes les zones sont interconnectées contribue grandement à accentuer le côté exploration débuté dans Vampire Killer. Le jeu nous encourage à parler avec tout le monde mais aussi à nous construire notre propre carte pour éviter de se perdre. Il recèle également de nombreux secrets malheureusement un peu trop bien cachés. Nos pérégrinations en Transylvanie sont ponctuées par un cycle jour/nuit intéressant. Si en plein jour, les choses sont plutôt tranquilles, elles s’avèreront bien plus compliquées la nuit puisque les monstres seront plus nombreux et bien plus résistants. Une bonne idée sur le papier qui fonctionne les premières heures mais qui s’avère un peu agaçante lorsque vous arrivez dans un village et que la nuit tombe, vous obligeant à attendre une dizaine de minutes que le soleil se lève pour que les PNJ réapparaissent.

Dans les faits, Simon’s Quest regorge d’ajouts intéressants mais tous plus ou moins mal exécutés rendant la progression plus laborieuse qu’elle ne le devrait. Le système de niveau – apparemment Simon peut améliorer ses statistiques – est abscons, la gestion des cœurs fastidieuse, le cheminement requiert des manipulations improbables… À cela s’ajoute des donjons peu amusants à parcourir car bien trop similaires et un bestiaire beaucoup plus réduit ne comptant que trois boss. La formule évolue certes dans le bon sens mais il reste beaucoup de chemin à faire…

En dehors de ça, le volet technique est toujours irréprochable. Graphiquement moins chatoyant que son prédécesseur, son immense map ayant forcément réduit les ressources allouées aux graphistes, il reste visuellement agréable. Quant à la musique, c’est une nouvelle réussite même si l’on aurait aimé un peu plus de pistes.

Haunted Castle – 1988

Simont Belmont vient de se marier avec sa compagne Selena mais Dracula débarque et kidnappe la belle ! Notre héros n’a donc d’autre choix que de ressortir son fouet pour renvoyer le vampire d’où il vient… Et c’est tout pour le scénario. Il faut dire qu’Haunted Castle est un jeu d’arcade comportant seulement six stages. Un joueur connaissant bien le jeu peut le terminer en à peine vingt minutes, les autres en revanche…

Le scénario en une image.

Haunted Castle souffre d’une horrible difficulté conçue pour soutirer le plus de pièces possible à quiconque désirerait en voir le bout. Les hitboxes sont mal fichues, les sprites – bien que très beaux – sont trop gros et rendent la moindre esquive compliquée et surtout… C’est un flot ininterrompu de monstres et de pièges qui s’abat sur vous. Ajoutez à cela des animations trop lentes pour le rythme du jeu et des contrôles parfois tatillons et vous obtenez un titre pas vraiment amusant.

Cependant, outre ces défauts, Haunted Castle possède aussi quelques belles qualités. Le jeu est très beau et n’hésite pas à en mettre plein la vue avec divers effets visuels venant se superposer à l’action comme de la pluie ou des flammes. Les arrière-plans sont également travaillés et contribuent grandement à l’ambiance grâce à de petits détails sympathiques comme des tableaux pleurant du sang. En termes d’OST, la qualité est de nouveau au rendez-vous. On retrouve le désormais iconique « Bloody Tears » mais également le thème des villages de Castlevania II. Les morceaux sont très bons et la plupart seront repris dans des jeux ultérieurs.

Il n’y a malheureusement pas grand-chose d’autre à dire sur ce jeu. Le bestiaire est dans la droite lignée des précédents, les boss sont une fois de plus des monstres classiques tirés d’œuvres littéraires ou cinématographiques – Méduse, monstre de Frankenstein, momie…– et le système de cœur pour les armes secondaires est de retour. De nouvelles armes font d’ailleurs leur apparition comme le boomerang, la torche ou les bombes. Il n’empêche que cet opus est décevant sur bien des aspects et ne fait pas vraiment honneur à la saga.

Castlevania : The Adventure – 1989

Lorsque vous lancez le jeu, vous vous retrouvez directement dans l’action. Aucun texte d’introduction, pas même une simple phrase. Il faut donc se tourner vers le manuel du jeu pour avoir un semblant de scénario. Ainsi, bien avant les aventures de Simon Belmont, le comte Dracula faisait déjà régner la terreur sur la Transylvanie. Simple sorcier maléfique à l’époque, il se fit bâtir un immense château pour y réaliser d’obscurs rituels… Afin de mettre fin à cette menace, Christopher Belmont prit les armes. C’est ici que le jeu commence.

Chronologiquement, nous assistons donc aux débuts de l’éternel combat entre Dracula et le clan Belmont. Et c’est assez triste que ces origines n’aient pas le droit à mieux que quelques lignes dans la notice… Il ne faudra pas non plus compter sur une quelconque mise en scène, les développeurs ayant dû batailler pour terminer le jeu. Il faut dire que ce Castlevania est l’un des premiers titres a sortir sur la portable de Nintendo ce qui a forcément demandé pas mal de tâtonnements de la part des équipes de Konami.

Outre le sacrifice du scénario, la direction artistique et le gameplay ont pris un sacré coup. Exit le bestiaire habituel de la saga, on affronte des gros yeux roulants ou des mains lanceuses de boules de feu. Les graphismes sont forcément moins détaillés malgré quelques backgrounds sympathiques. Quant aux iconiques escaliers, ils sont ici remplacés par des cordes. Toutefois, le titre sait nous surprendre par moments avec des plafonds tentant de nous écraser, des pieux sortant des murs ou des plateformes s’écroulant sous notre poids. Des pièges qui auraient pu être amusants si notre personnage ne souffrait pas d’une lenteur faisant passer un escargot pour un bolide. Christopher est horriblement lent. Tout prend une éternité à s’effectuer dans le jeu et frapper un ennemi en l’air est un véritable calvaire. Et comme si ce n’était pas suffisant, notre héros possède une physique bien particulière : une fois au sommet de son saut, le chasseur de vampire va immédiatement s’écraser au sol. Est-ce une volonté des créateurs ou une contrainte technique ? Nul ne le sait mais ce qui est sûr en revanche, c’est que la moindre plateforme dans ce jeu va occasionner chez vous un stress intense puisque tomber dans le vide vous tuera instantanément. Et au bout de trois morts, c’est retour au début du niveau… Et quand bien même vous parviendriez à atteindre le boss, ces derniers font tellement mal que les passer du premier coup est plus qu’improbable. Bref, Castlevania Adventure est lent, frustrant, inutilement difficile et parfaitement dispensable si vous décidez de (re)découvrir les origines de la licence puisque de nombreuses choses sont absentes.

Le premier boss.

Trop difficile à implémenter sans faire tomber le jeu à 3 FPS, les armes secondaires passent à la trappe. Comme dit plus haut, le bestiaire n’a rien à voir avec les têtes d’affiche habituelles et s’avère peu marquant. En revanche, les chandeliers pourvoyeurs de cœurs restent présent mais ces derniers redonnent de la vie plutôt que du mana. Et il est encore possible de faire évoluer la puissance de notre fouet – en Morning Star puis en lanceur de boules de feu – en ramassant des bonus.

Peu inspiré et désagréable à jouer, on ne peut pas dire que cet opus ait laissé une forte impression chez les fans qui ont tendance à le ranger dans la même catégorie que Haunted Castle. J’ai moi même laissé tomber lors de l’avant-dernier niveau devant tant de cruauté. Fort heureusement, le suivant relèvera le niveau !

Castlevania III : Dracula’s Curse – 1989

Visiblement peu satisfaits par les débuts de la lutte Belmont/Dracula, Konami décide de placer les événements de cet épisode 100 ans avant Castlevania Adventure. Nous y incarnons Trevor Belmont, actuel possesseur du fouet « Vampire killer », alors qu’il est appelé à l’aide par l’Église. Cette dernière a vu ses armées se faire décimer par les démons de Dracula et n’a d’autres choix que de se tourner vers le clan Belmont autrefois banni à cause de leurs pouvoirs. Pas rancunier, Trevor va donc traverser la Transylvanie pour remplir sa mission. Une aventure qu’il ne fera pas seul puisque trois autres personnages pourront être recrutés et joués. Une excellente idée de la part des développeurs qui permet d’étoffer le scénario mais surtout d’offrir une bonne rejouabilité au titre car vous ne pouvez avoir qu’un seul compagnon à vos côtés. Il faudra donc recommencer le jeu quatre fois pour voir toutes les fins.

Exit le côté aventure de Castlevania II, ce troisième opus reprend la formule du premier jeu. C’est donc 17 niveaux qui vous attendent cette fois, mais il y a un twist. En effet, le jeu propose un système d’embranchements. Concrètement, à la fin de certains niveaux, vous aurez le choix entre deux itinéraires différents plus ou moins simples. Les boss affrontés ne seront pas les mêmes mais surtout vous croiserez la route de héros différents. Sont donc présents Sypha Belnades, une sorcière enquêtant sur Dracula, Grant Danasty, un homme changé en monstre par Dracula que vous libérerez à coups de fouet dans la tête, et Alucard, le fils de votre ennemi juré qui s’est rangé du côté des humains. Une belle brochette de personnages qui deviendront incontournables dans la suite de la saga de part leurs actions ici.

Une fois l’un de ces coéquipiers récupéré, on peut passer d’un personnage à l’autre à tout moment via la touche Select. Attention toutefois car la barre de vie ainsi que le nombre de cœurs sont en communs. En revanche, chaque héros dispose de sa propre arme secondaire ainsi que de capacités spéciales. Alucard peut se transformer en chauve-souris et voler librement à travers les niveaux, Grant saute plus haut et plus loin tout en pouvant s’accrocher aux murs et aux plafonds, tandis que Sypha prends des dégâts multipliés par deux et possède l’arme à la plus courte portée. Bon après, elle peut déclencher de puissantes magies qui atomisent les boss mais encore faut-il tomber sur les grimoires en détruisant les chandeliers et arriver jusqu’à la fin des niveaux en un seul morceau.

Certains niveaux sont magnifiques.

Et autant dire que ce ne sera pas forcément une partie de plaisir. Les développeurs se sont amusés à imaginer de nouveaux pièges retors tout en réutilisant plusieurs idées des précédents opus. Plateformes qui se balancent sous votre poids, piques mortels, courant vous poussant vers le vide, plafond qui s’écroule… Vos réflexes seront mis à rude épreuve ! Fort heureusement, Castlevania III dispose d’un système de continues bien plus permissif qu’avant ainsi que de plusieurs check-points rendant la progression plus facile. Du moins, jusqu’à ce que l’on pénètre dans le château de Dracula… Moi qui avait apprécié les deux premiers tiers de l’aventure, j’ai été dégoûté par la difficulté aberrante des derniers niveaux. Points de passage très espacés, densité d’ennemis improbable et surtout succession de pièges sans fin m’ont gâché les dernières heures de jeu. Toutefois, ce gap de difficulté est propre aux versions occidentales du jeu. Au Japon, en plus de deux pistes sonores améliorant la qualité des musiques, le titre disposait de check-points plus rapprochés et d’un système de dégâts fixes. Cela veut dire que chaque type d’ennemis fait perdre un nombre de PV définis, qu’il se trouve dans le premier ou le dernier niveau. Malheureusement, le jeu sera rendu artificiellement plus dur par Konami. Les dégâts augmentent de façon exponentielle – provoquant votre mort en 3-4 coups vers la fin –, certains points de passages disparaissent vous ramenant plusieurs écrans en arrière… Cette décision a été prise en réponse au marché de la location de jeux vidéo déjà bien installée aux USA. Pour éviter que les joueurs terminent le jeu rapidement, et donc ne l’achètent pas, la difficulté a été augmentée de manière absurde. Une pratique courante pour l’époque…

Si l’on passe outre cette difficulté factice, force est de constater que ce Castlevania III est une franche réussite est un immense bond en avant pour la franchise. Le gameplay est plaisant, les personnages réagissent au quart de tour et les affreux sauts de l’épisode GB ont disparu. La possibilité de choisir ses niveaux est un ajout des plus appréciable et le retour des armes secondaires telles que la hache, le couteau ou la croix font plaisir. En reprenant tout ce qui avait fonctionné dans le premier épisode et en l’améliorant, cette troisième itération frappe juste. C’est fluide, dynamique mais aussi très beau. Les décors sont colorés, détaillés – notamment les arrière-plans – et l’esthétique gothique du titre est magnifiquement retranscrite par la NES qui donne son maximum ici. L’ambiance est particulièrement soignée et sublimée par une bande-son toujours aussi impeccable. Et que dire de ce bestiaire qui mêle encore une fois zombies, momies, gorgones et autres armures hantées dans un joyeux bazar qui fonctionne pourtant très bien. Mention spéciale à la deuxième forme de Dracula qui introduit une mécanique qui sera indissociable de Légion, un boss récurrent de la saga qui possède plusieurs parties à détruire pour en venir à bout.

La carte complète du jeu montrant toutes les routes existantes.

À mes yeux, c’est avec ce troisième épisode que Castlevania trouve enfin sa voie. Après quelques errements, la série semble avoir définitivement choisi son identité : un scénario plus poussé, des successions de niveaux et surtout un gameplay nerveux et agréable. Cet opus pose les bases de nombreux éléments de l’univers et il n’est pas étonnant que ce soit lui qui ait été adapté en (excellente) série animée sur Netflix. Une franche réussite ternie par une difficulté absurde. Je vous recommande donc la version japonaise si vous décidez de tenter l’aventure !

Voilà qui conclut la première partie de cette longue rétrospective dédiée à Castlevania. De mon côté, je continue mon marathon tous les jeudis après-midi sur Twitch, n’hésitez pas à passer pour discuter vieux pixels, vampire et autres !

AlxZ_Rex

AlxZ_Rex

J'écris mes articles à Rabanastre tout en recherchant mon courage dans Alien.

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