Lorsque l’on regarde les dernières grosses productions vidéoludiques, on peut constater une certaine uniformisation des AAA. À quelques exceptions près, tous ces titres adoptent des mécaniques similaires et une structure presque copiée-collée. Mais surtout, tous se prennent très au sérieux. Au point de parfois oublier que ce qui est le plus important dans un jeu, c’est le fait de jouer. Heureusement Capcom vient nous sauver avec le Remake de Resident Evil 4. Un titre qui avait redéfini l’action dans les années 2000.
Présentation du jeu
L’histoire débute avec un Léon perdu au fin fond de l’Espagne. Deux policiers locaux le chambrent un peu mais le mutisme de l’américain les calme vite. Il faut dire que notre héros à une mission de la plus haute importance : retrouver Ashley Graham, la fille du président des Etats-Unis, qui a été kidnappée par une secte étrange…
Après une pause pipi anormalement longue de la part d’un des policiers, Léon décide d’explorer un peu les environs. Il retrouvera son collègue dans le sous-sol d’une cabane délabrée, visiblement tué par les locaux qui, outre un manque flagrant d’hospitalité, semblent posséder des capacités peu courantes pour des humains normaux…
Quelques minutes plus tard et après un éprouvant combat contre une horde de paysans énervés – dont un maniaque à la tronçonneuse -, Léon comprend que sa mission sera tout sauf une promenade de santé.

Du nanar parfait
Le scénario de Resident Evil 4 est digne des meilleurs nanars et il l’assume totalement. Retournements de situations improbables, punchlines dignes des années 90, méchants caricaturaux… Tout est là pour que l’on ne se prenne pas la tête. Et ça fonctionne très bien. Le scénario est juste fun et se suit sans que l’on remette la cohérence du tout en question toutes les 30 secondes.
On suit les pérégrinations des héros avec plaisir grâce à une gestion du rythme exemplaire – le jeu alterne avec brio séquences d’action et de calme – et une écriture réussie des personnages.
Léon a toujours le petit mot classe en toutes circonstances, Ada est mystérieuse à souhaits (même si l’on voit plus souvent son physique que son visage…) mais ce sont surtout les personnages de Luis et Ashley qui s’en sortent le mieux.



En plus d’un nouveau look réussi, leurs dialogues mais aussi leurs rôles ont été étoffés. Ainsi Luis nous accompagne durant un petit segment de l’aventure, apportant avec lui son humour et sa nonchalance bienvenue, tandis qu’Ashley devient plus que la simple potiche de service du jeu original. C’est désormais une jeune fille en proie aux doutes et qui se bat pour s’en sortir.
Bon par contre, ses cris à l’aide sont toujours aussi horripilants. Côté antagonistes, c’est un peu en deçà malheureusement. Mendez et Salazar, même si réussis en termes de design, s’avèrent transparents.
Quant à Saddler, grand méchant de cette aventure, il intervient bien trop tard pour être marquant. Reste Krauser, ancien camarade de Léon, qui voit son importance et son background étoffé.
On reste dans le stéréotype du méchant soldat des années 90 mais ça colle bien au jeu et à son combat.

Des combats toujours aussi angoissants
Tout ce casting gravite autour de la menace des Plagas, un parasite capable d’infecter n’importe quel organisme vivant et de le faire muter dans des proportions monstrueuses.
L’excuse parfaite pour nous confronter à un bestiaire varié et totalement cauchemardesque :
- Chiens tentaculaires
- Géants
- Insectes mangeurs d’hommes
- et autres créatures terrifiantes…
Mention spéciale aux Regeneradores qui ont fait grimper ma tension artérielle à des niveaux insoupçonnés. Les boss ne sont bien sûr pas en reste. Si on peut regretter la disparition du U-3, tous les autres sont de retour dans des versions retravaillées.
Toutefois, et même si cela reste des « grands » moments dans le jeu, je regrette un nombre de PV vraiment élevé pour certains d’entre eux. Je pense notamment au combat contre Salazar qui semblait ne jamais vouloir se terminer. Ou alors, je vise plus mal que ce que je pensais.
Dans tous les cas, la générosité du jeu en termes d’adversaires couplée au fait que ces derniers se renouvellent continuellement en font une des forces du titre.

L’exploration
La structure de Resident Evil 4 est assez particulière. Le jeu est découpé en trois zones principales (village, château, île) au sein desquelles vous êtes libres de vous balader. Ce ne sont pas des zones ouvertes mais plutôt des niveaux interconnectés alternant couloirs et arènes plus ouvertes propices à des affrontements contre des hordes d’ennemis.
Si cet opus se veut plus orienté action que ses prédécesseurs, il conserve certains environnements tortueux et quelques énigmes. Le titre exploite aussi le duo Léon/Ashley lors de séquences tendues vous demandant de protéger la jeune fille le temps qu’elle active, très lentement, divers mécanismes.
Des passages durant lesquels vos nerfs – et vos oreilles – seront mis à rude épreuve… Le level-design est efficace et son côté très structuré lui confère des relents de jeux d’arcade.
Tout est segmenté – un bonheur pour le speedrun – et chaque partie bénéficie d’une particularité pour que l’on ne s’ennuie jamais.
Que ce soit une profusion de pièges, une séquence en chariots, des ennemis invisibles ou un combat de boss, aucune séquence ne ressemble à une autre. Et si les combats restent le cœur du gameplay, les environnements et les actions demandées les renouvellent sans cesse. De ce point de vue là, c’est une réussite.
Le remake se permet en plus d’ajouter de nouvelles phases bien pensées comme ce combat contre un El Gigante digne de God of War ou l’intervention de Mendez en mode « Mister X ».
Du gore mais du fun !
Le fun produit par cette variété de situations est exacerbée par la simplicité avec laquelle le jeu nous les présente. À aucun moment, il ne cherche vraiment à justifier ce qu’il se passe et le tout est enrobé dans une esthétique très « jeu vidéo » sans que cela ne gêne le joueur. Les caisses sont bien visibles et balisées en jaune, les objets brillent sur le sol…
Même l’inventaire est pensé de manière à divertir le joueur puisque son système de rangement s’apparente à un Tetris.
Mais l’exemple le plus parlant reste l’un des meilleurs PNJ du jeu vidéo à mes yeux : le marchand. Tout au long de votre aventure, ce mystérieux homme encapuchonné vous suivra, apparaissant dans des endroits improbables et vous devançant en toutes circonstances. Le bougre ne se privera jamais de vous charrier et s’autorise même à vous faire participer à des mini-jeux. Le Remake lui ajoute une nouvelle utilité avec les requêtes spéciales. Sorte de quêtes annexes, elles vous demanderont d’effectuer certaines actions particulières (détruire des médaillons, vaincre un ennemi spécifique…) en échange de récompenses.
Bref, vous l’aurez compris RE 4 assume totalement d’être un jeu vidéo et ça fait vraiment plaisir au sein d’une industrie qui a parfois tendance à un peu trop se prendre au sérieux.

Des références appréciables
La saga Resident Evil a toujours été généreuse en clins d’œil envers le Septième Art. Cet épisode ne déroge pas à la règle et le jeu pullule de références à chaque instant. Les films d’horreur y ont une bonne place et on retrouve The Thing de John Carpenter, Hellraiser, Massacre à la tronçonneuse… Mais il y a aussi Seigneur des Anneaux, Rambo, Soldier… Bref, un bonheur pour les cinéphiles.
Beau, fun, décomplexé, maîtrisé, autant de qualificatifs qui définissent Resident Evil 4 Remake. Je me suis vraiment amusé sur ce titre qui, s’il n’est pas prise de tête, fait tout de même preuve d’une intelligence rare dans sa gestion du rythme, de l’action et de l’amusement. Pas une seule seconde on ne s’ennuie devant ce titre qui se parcourt avec un plaisir non dissimulé. Un incontournable du genre encore pertinent de nos jours et sublimé pour correspondre aux standards actuels. Capcom a vraiment trouvé la formule du parfait Remake.
Voir ma partie complète sur Youtube
Et si cela vous intéresse, la totalité de ma partie est disponible sur ma chaine Youtube.