Depuis l’explosion du phénomène Dark Souls en 2011, nombre de studios se sont engouffrés dans la brèche pour proposer ce que l’on appelle désormais des « Souls-like ». Des jeux exigeants, aux scénarios souvent cryptiques et aux mécaniques sans pitié. Mais difficile de saisir toute l’essence de ce qui a permis le succès du jeu de FromSoftware. toutefois certains studios s’en approche, ce qui a donné naissance à de bons titres comme Nioh ou The Surge. Steelrising fait-il partie de cette catégorie ? Enfilez votre perruque poudrée et direction le Paris de la Révolution !
Présentation du jeu
Steelrising est un jeu développé par le studio français Spiders sorti le 8 septembre 2022 sur PC, PS5 et Xbox Series. Vous y contrôlez Aegis, un automate dont vous pouvez personnaliser l’apparence, chargée de résoudre le mystère de la soudaine folie s’étant emparée des autres automates.
Dès le début, on ne peut qu’être admiratif devant la direction artistique du titre. En mêlant Révolution Française et robots, on obtient une esthétique visuellement très réussie aux tonalités Steampunk. Chaque ennemi bénéficie d’un design soigné et les environnements nous plongent dans une version alternative de Paris en proie aux flammes. Les artistes de Spiders ont su créer un univers cohérent dans lequel j’ai pris beaucoup de plaisir à me perdre.
L’ambiance est donc vraiment réussie même si la fête est un peu gâchée par l’absence totale de doublages français. Une décision compréhensible mais fort regrettable au vu de l’époque choisie. D’autant plus que certains mots seront prononcés en français avec un accent anglais des plus ridicules… Le scénario quant à lui est intriguant et sait entretenir le mystère planant autour des automates et de la vraie nature d’Aegis. Dommage que le soufflé retombe un peu à la toute fin.
Les amateurs d’Histoire seront tout de même ravis de croiser des têtes connues comme Robespierre ou La Fayette intégrés de manière intelligente au récit.
L’exploration
Mais un jeu, aussi intéressant soit-il visuellement, peut rapidement mener à l’ennui profond si le level-design est raté. Et s’il y a bien une chose qu’un Souls-like se doit de peaufiner, c’est son exploration. Déroulé de la zone, placement des ennemis, raccourcis, pièges et autres checkpoints, tout doit être parfaitement pensé pour maintenir le joueur sur ses gardes, ne pas le décourager mais aussi le pousser à fouiller les moindres recoins des environnements.
Steelrising s’en sort plutôt bien tout en se différenciant suffisamment de son modèle en commençant par sa structure. Plutôt que de tenter de créer un monde pouvant être traversé de manière ininterrompue d’un bout à l’autre – ce qui demande un travail considérable en termes de planification, level-design et game-design – Steelrising fait le choix de proposer de vastes niveaux détachés les uns des autres auxquels on accède via une carte de Paris.
Le jeu perd donc un peu en immersion mais se rattrape sur l’intelligence du level-design. Chaque niveau possède sa propre ambiance et ses gimmicks. Paris est mis à l’honneur pour proposer des environnements tortueux propices aux embuscades et c’est un plaisir d’infiltrer la Bastille, de se perdre dans des labyrinthes végétaux ou de visiter le quartier des forges.
Mais là où l’exploration tire vraiment son épingle du jeu c’est sur ses emprunts à la série Zelda.
Régulièrement, Aegis obtiendra de nouveaux pouvoirs. Ces derniers, en plus d’être efficaces contre les ennemis, auront une importance capitale dans votre exploration puisqu’ils étofferont vos possibilités de déplacements.
Les murs fragilisés pourront être brisés pour créer des raccourcis ou découvrir des secrets, la ruée en avant vous permettra d’atteindre des zones inaccessibles jusqu’alors tandis que le grappin offrira une verticalité bienvenue au titre en vous faisant découvrir les niveaux sous un nouveau jour.
On retrouve ici un fonctionnement similaire aux Zelda d’antan.
On passe devant des zones suspectes, on détecte des objets inatteignables et il faudra y revenir plus tard pour y accéder avec nos nouvelles acquisitions.
À vous donc de revisiter l’intégralité du titre pour en déceler les secrets.
D’autant plus que l’exploration est toujours récompensée par une arme, des objets intéressants, voire des boss secondaires. Le level-design du titre m’a donc beaucoup plu et c’est à mes yeux l’une des réussites de Steelrising.
Le combat dans Steelrising
Mais que serait un Souls-like sans ses affrontements ?
Bien évidemment, Steelrising en regorge et vous enverrez des tonnes d’automates à la casse durant votre aventure.
Niveau gameplay, on est sur quelque chose de très classique avec esquive, attaques légères/lourdes et soin limité.
Là où Steelrising se différencie c’est dans la manière dont il intègre la nature de l’héroïne au gameplay.
Ainsi épuiser sa jauge d’endurance vous mettra en surchauffe le temps qu’elle se remplisse à nouveau. Mais vous pouvez récupérer instantanément une partie de celle-ci – voire la totalité si vous êtes rapides – en appuyant au bon moment sur la touche associée. Se faisant, Aegis se refroidira ce qui, certes régénère votre endurance, mais vous inflige un malus de gel qui peut totalement vous paralyser si vous en abusez.
En liant son univers à son gameplay, Steelrising offre une variation intéressante des combats du genre qui ont tendance à être parfois un peu trop passifs.
On retrouve un peu l’esprit de Bloodborne qui nous encourageait à être agressif sans pour autant foncer dans le tas comme un fou furieux.
Pour ce qui est du build de votre personnage, à savoir la manière dont vous allez le spécialiser, le jeu est là encore assez riche.
Vous aurez des armes lourdes, puissantes mais lentes, des armes plus légères offrant une plus grande mobilité ou des fusils pour l’attaque à distance. Chaque arme a une capacité secondaire allant de l’énorme attaque chargée au contre dévastateur et il y en a vraiment pour tous les goûts.
Il y a également la possibilité de jouer sur les éléments avec le feu qui inflige des dégâts continus, la glace – beaucoup trop forte – qui gèle vos adversaires et l’électricité qui augmente de plus en plus vos dégâts.
Une versatilité dans les approches un peu gâchée par l’impossibilité de réinitialiser vos points d’expérience.
Heureusement le jeu vous offre plusieurs armes différentes durant les premières heures et je vous recommande de tout tester avant de commencer à spécialiser votre personnage.
Un soul-like accessible
Dernier point que j’aimerai aborder : l’accessibilité du titre.
En se plaçant sur la case des souls-like, Steelrising sera automatiquement considéré comme ce genre de jeu super dur où l’on meurt en boucle. Sauf que pas vraiment en fait.
Si vous êtes un habitué du genre, l’aventure ne vous posera aucune véritable difficulté.
Les mécaniques de jeu peuvent facilement être détournées pour rouler sur les boss, les fenêtres d’esquive et parades sont très généreuses et tant que vous connaissez la règle « Derrière chaque coin de mur se cache un ennemi », ça devrait bien se passer.
Seuls certains passages s’avèrent plus compliqués. Je pense notamment à ces moments où le jeu décide de ne pas mettre de checkpoints pendant de très longs moments tout en enchaînant les passages tendus ou lorsque l’on se retrouve face à trois ou quatre ennemis parmi les plus durs de la zone dans un endroit exigu.
Mais cela reste heureusement rare et l’équilibrage est plutôt bon dans l’ensemble.
Si en revanche, vous n’avez jamais touché à un Souls de votre vie, Steelrising est probablement la meilleure porte d’entrée que je connaisse.
Des options pour ne pas se perdre
En découpant ses environnements par zones, il vous évite de vous perdre dans des endroits inadaptés à votre niveau. L’exploration est tortueuse sans atteindre des sommets de fourberies et les boss ont des patterns très lisibles aux faiblesses facilement identifiables.
Le jeu regorge aussi d’options et d’idées de game-design pour vous permettre de voir la fin à commencer par la boussole.
Vous vous retrouvez souvent perdu dans un jeu sans savoir où aller ?
Et bien les développeurs ont pensé à vous en plaçant dès le début du jeu une boussole dans votre inventaire. Un objet totalement annexe et dispensable mais qui, si vous l’utilisez, vous montrera où se situe votre objectif principal mais aussi ceux des quêtes secondaires. Une idée fort bienvenue pour ne pas décourager les joueurs au sens de l’orientation défaillant.
Concernant les combats, le menu options vous permet de totalement personnaliser votre aventure. Vous pouvez modifier la quantité d’expérience perdue à chaque mort, voire l’annuler, influer sur les dégâts que vous infligez ou subissez.
En autorisant une modulation de la difficulté en influant sur ce genre de paramètres, Steelrising s’ouvre à tous les types de joueurs sans dénaturer sa nature de Souls-like. Une excellente initiative que j’espère revoir dans d’autres titres du genre.
Steelrising est un bon jeu qui, s’il ne révolutionne pas le genre, a suffisamment d’arguments en sa faveur pour qu’on lui laisse sa chance. Son univers est très réussi, il offre un challenge intéressant adapté à tous et il fourmille de petites idées rendant l’aventure agréable à parcourir. Spiders signe là un titre qui n’a pas à rougir face à ses concurrents et j’espère que l’expérience acquise sur ce titre donnera naissance à de futurs jeux encore plus aboutis.